Le coût global de la pollution de l'air en France

Selon la dernière évaluation complète effectuée pour la France dans un rapport du Sénat de 2015, les impacts de la pollution de l’air coûtent chaque année en France entre 1 150 et 1 600 € par habitant. Ces impacts sont à l’origine d’une perte d’environ 4% du PIB de la France, soit 72 à 101 milliards d’euros de pertes économiques par an, parmi lesquels :

  • Le coût des 40 000 décès prématurés annuels en France évalué à 48 milliards d’euros par an.
  • Le coût des hospitalisations et des soins entrainés par les pathologies dues à la pollution de l’air qui s’élève à plus de 3 milliards d’euros par an.
  • Le coût de la perte de productivité et des arrêts de travail qu’entrainent les pathologies dues à la pollution de l’air qui est de 165 millions d’euros par an.
  • Le coût de la dégradation des bâtis et des réfections à 3,4 milliards d’euros par an.
  • Le coût de la baisse des rendements agricoles et forestiers à un peu moins d’un milliard d’euros par an.
  • Le coût de la surveillance de la pollution de l’air pour l’État ne représente que 28 millions d’euros par an (hors coût du financement global des associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air par d'autres sources que l’État)

Infographie coûts économiques France

source : infographie Les Echos à partir de Jean-François Husson et Leila Aïchi. Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur le coût économique et financier de la pollution de l’air. Sénat (2015)

 

Focus sur Paris

En 2020, un rapport de CE Delft pour l'Alliance européenne pour la santé publique (EPHA) a estimé la valeur monétaire des décès prématurés, des traitements médicaux, des journées de travail perdues et des autres coûts de santé engendrés par la pollution de l’air en Europe.

L’étude évalue les coûts de la pollution de l’air à 3,5 milliards d’euros par an pour l’ensemble des Parisiens, soit plus de 1 600 € par an et par Parisien. À titre de comparaison, la surveillance de la pollution de l’air menée par Airparif coûte 0,67 € par Parisien.

 

Focus sur la pollution de l'air intérieur

Par pollution de l'air intérieur on entend la pollution de l’air extérieur mal évacuée des logements du fait d’un manque de ventilation, les cheminées ouvertes, le tabac, le radon, la pollution aux COV.

L’Observation de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a estimé que la pollution de l’air intérieur était responsable de 20 000 décès prématurés chaque année en France conduisant à un coût financier de l’ordre de 19 milliards d’euros de pertes économiques par an.

L’étude de l’OQAI prend en compte la mortalité prématurée du fait des maladies, des pertes de bien-être et de qualité de vie dues aux années en mauvaise santé, les pertes de productivité, le coût des soins, des recherches publiques et de la prévention, etc.

 

Focus sur les pertes de rendements agricoles en France 

L’ozone de basse altitude est un polluant de l’air qui réduit la croissance des plantes, et impacte donc à la baisse les rendements agricoles. L’Ineris estime notamment que la pollution à l’ozone de basse altitude est responsable d’une perte de rendement de blé tendre et de pommes de terre en France de 5 % à 15 % en fonction des années.

Une étude de l’Ademe estimait qu’en 2010, l’ozone de basse altitude était responsable d’environ 2,2 milliards d’euros de pertes économiques pour la production agricole en France :

  • Pour le blé tendre, près de 1 milliard €
  • Pour les prairies, plus de 1 milliard €
  • Pour les pommes de terre, plus de 200 millions €

 

Le coût global de la pollution de l'air dans le monde

Une estimation de la Banque mondiale montre que le coût global des pertes économiques dues à l’impact de la pollution de l’air sur la santé est de 8 100 milliards de dollars par an, soit 6,1% du PIB mondial perdu. Ces pertes sont plus élevées dans les pays les moins avancés économiquement.

L’OCDE évaluait en 2016 que la pollution de l’air était responsable de 1,2 milliard de jours de travail perdus chaque année.

 

Le coût de l’amélioration de la qualité de l’air et bénéfices pour la santé

A Grenoble, une étude a estimé que le coût des actions les plus efficaces pour améliorer la qualité de l’air, et donc réduire la pollution de l'air – remplacement des moyens de chauffage au bois par des moyens de chauffage peu ou pas polluants, remplacement des véhicules thermiques les plus émetteurs par des moyens de transport moins polluants – est inférieur aux bénéfices que ces mesures apportent en matière de santé.

L’arrêt de l’utilisation de moyens de chauffage au bois les plus polluants, ainsi que l’usage du vélo et de la marche à pied à la place de la voiture, y sont identifiés comme des mesures particulièrement efficaces économiquement.