1 février 2022. Airparif dévoile les résultats d’une campagne inédite en Île-de-France de surveillance des particules ultrafines (PUF). Ce type de polluant de l’air circule sous forme de particules solides de diamètre inférieur à 100 nanomètres, soit inférieur à la taille d’un virus et qui peuvent être aussi petites qu’une molécule d’ADN. Ce polluant dit "émergent" n’est pas réglementé à ce jour, mais fait l’objet d’inquiétudes sanitaires croissantes et de recommandations de renforcement de leur surveillance de la part de l’ANSES en France et de l’OMS à l’international. 

En complément des mesures permanentes loin des sources de pollution de l’agglomération parisienne, un programme pluriannuel de surveillance porté par Airparif et différents partenaires documente pour la première fois les niveaux, et donc les sources, des particules ultrafines dans différents environnements franciliens.

Le premier volet porte sur les niveaux de particules ultrafines en zones résidentielles urbaines et en zone rurale loin des sources de pollution. Ces premières observations, menées en hiver,  montrent que les particules ultrafines sont présentes partout et ont été en moyenne pendant la campagne de mesure deux à trois fois plus élevées  dans l’agglomération parisienne que dans la zone rurale. Des particules ultrafines émises par le trafic routier ont été mesurées dans l’air, même à distance des zones de trafic routier. Les niveaux de particules ultrafines sont également 1,5 fois à 2 fois plus élevés lors des épisodes de pollutions hivernaux aux particules par rapport à une semaine de faible pollution. En agglomération, bien que les points de mesures soient éloignés du trafic, la contribution du trafic routier à la pollution de particules ultrafines est prépondérante, ainsi que le chauffage au bois avec des tailles de particules ultrafines et des périodes de pics bien distinctes pour ces deux sources. 
 

Un polluant de l’air plus présent en agglomération qu’en zone rurale 

Cette première campagne menée par Airparif vise à mieux comprendre la répartition géographique des particules ultrafines à proximité des lieux d’habitation et donc de chauffage et en zone rurale. Elle a été menée durant trois mois sur la période hivernale 2020-2021, sur quatre sites distincts éloignés du trafic : trois en zone urbaine (un site au cœur de l’agglomération parisienne, deux en zone périurbaine et un en zone rurale).

Durant la campagne de mesures, les concentrations de particules ultrafines se sont révélées deux à trois fois plus élevées dans les zones urbaines (jusqu’à 9 300 particules/cm3) que dans la zone rurale (2 700 particules/cm3), montrant ainsi que les sources d’émissions de particules ultrafines sont plus importantes dans les agglomérations qu’en zone rurale.

 

Le trafic routier et le chauffage au bois, principaux émetteurs de PUF en hiver

Une analyse fine des résultats selon la taille de ces particules ultrafines et en fonction des heures de la journée et des jours de la semaine met clairement en évidence la responsabilité du trafic routier et du chauffage au bois dans ce surplus de PUF dans l’agglomération durant la période hivernale. La corrélation des niveaux de PUF avec la baisse de la température et la mesure conjointe du carbone suie, marqueur de la combustion de biomasse, confirme la responsabilité du chauffage au bois, notamment lors des épisodes de pollution hivernale aux particules liées à l’usage du chauffage au bois.

L’étude a permis de mieux comprendre la taille des particules émises par le chauffage le bois, dont une part importante est suffisamment petite pour faire partie des particules ultrafines. Par ailleurs, le diamètre des PUF émis par le trafic routier est inférieur à celles liées au chauffage au bois et leurs pics ne suivent pas la même temporalité quotidienne et hebdomadaire. Pour rappel, les cheminées à foyer ouvert et les équipements de chauffage au bois anciens et peu performants sont beaucoup plus émetteurs de particules que les équipements récents et performants.
 

 

Une étude prévue sur quatre années et un renforcement à terme de la surveillance permanente des particules ultrafines 

Les futures campagnes de mesures des particules ultrafines évalueront les concentrations de PUF dans différents environnements : après avoir effectué des mesures loin des sources de pollution, la campagne suivante (en cours d’analyse) s’est déroulée le long du trafic routier et la suivante se fera à proximité des plateformes aéroportuaires franciliennes. Le programme s’étend au total sur quatre ans, pour s’achever en 2024. Chaque environnement est étudié autant en période hivernale qu’en été, chaque saison étant caractérisée par des sources d’émissions de polluants de l’air spécifiques.
Ce programme d’étude mené par Airparif est cofinancé par Airparif, la Métropole du Grand Paris, la Ville de Paris, l’ARS (Agence Régionale de Santé), la communauté d’agglomération Paris Saclay, et les Aéroports de Paris.
Les résultats de la seconde campagne de mesures, réalisée aux bords de grands axes de circulation franciliens durant l’été 2021, seront dévoilés mi-2022.

Ces données permettront d’identifier de nouveaux sites de surveillance permanente des PUF en Île-de-France, en complément à la station de référence d’ores et déjà installée à Paris dans le jardin des Halles. Elles fournissent également aux épidémiologistes des données pour poursuivre les travaux d’évaluation de l’impact sur la santé de ces polluants.