Nous passons près de 80 % de notre temps dans des espaces clos, qu’ils soient privés (appartements, maisons, travail…) ou accueillant du public (écoles, administrations, lieux de loisirs…). La problématique de la qualité de l’air intérieur, longtemps ignorée, a depuis été investie pour en comprendre les enjeux et les axes d’amélioration. Il s’agit d’un problème de santé publique et une question économique : le coût annuel en France de la pollution de l’air intérieur est estimé à 19 milliards d’euros.

Si de nombreux échanges de flux existent avec l’air extérieur, les milieux clos comportent de nombreuses spécificités. La qualité de l’air intérieur est régulièrement plus mauvaise que celle d’un espace ouvert. Cette pollution s'explique par les produits et objets de notre quotidien qui émettent de nombreuses substances, par nos activités et pratiques et par le piège que constitue l’isolation si le local est mal ventilé.

Une étude de 2006 de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) a, pour la première fois, permis un état des lieux à grande échelle en France soulignant la pollution existante à l’intérieur des bâtiments. La qualité de l’air intérieur dans les logements a fait depuis l’objet de plusieurs études. Elles permettent de faire un état des lieux de la pollution de l’air et d’identifier les sources intérieures.

La référence française demeure l’étude de l’OQAI Campagne nationale logements : État de la qualité de l'air dans les logements français (mise à jour mai 2007).

Une attention particulière de l’air intérieur est requise pour les personnes sensibles : nourrissons, femmes enceintes, asthmatiques, personnes âgées et cardiaques et insuffisants respiratoires.

Les sources de pollution intérieure sont variées, comme les polluants que l’on peut retrouver en intérieur: Composés Organiques (comme le benzène, le styrène, le toluène, le trichloroéthylène ou encore le formaldéhyde, l’acétaldéhyde), Composés Organiques Sémi-Volatils (pesticides, phtalates …), Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques, Particules (PM10, PM2.5, PM1, nanoparticules mais également les pollens, spores, allergènes...). Le dioxyde de carbone (CO2), sous-produit de la combustion, issu de la respiration humaine et animale, est un indicateur de confinement.  

Les sources de pollution intérieures ont plusieurs origines : 

  • Les matériaux : cela concerne aussi bien les murs et plafonds (plastifiés, papier-peints, peintures, textiles), les sols (durs, textiles, bois, stratifiés, souples) ou encore les matériaux de construction (comme la laine de verre). À savoir : depuis septembre 2013, les produits de construction et de décoration sont soumis à un étiquetage obligatoire sur les caractéristiques d’émission en substances volatiles polluantes. De manière simple et lisible, le niveau d’émission varie de A+ (peu émetteur) à C. Sont concernés les revêtements de sol, mur, plafond, les cloisons et les faux plafonds, les produits d’isolation, les portes et fenêtres ainsi que les produits destinés à la pose ou à la préparation de ces produits. Ne sont pas concernés les produits en verre non traité ou métal non traité, les produits de serrure, ferrure ou visserie. 
  •  Le mobilier (plastique, bois). Comme pour les matériaux de construction, des réflexions sur l’étiquetage des produits d’ameublement sont en cours. Depuis le 01/01/2020, l’étiquetage des meubles en bois est obligatoire (pour une première mise sur le marché au 01/01/2020). 
  • Les équipements ou les activités : la liste est assez large. Elle regroupe aussi bien le ménage (produits ménagers, hygiène), les combustions (chauffage, chauffe-eau ou la cuisine, mais aussi le tabac ou les bougies, encens), les activités de bricolage ou travaux manuels (peinture, colle, marqueurs), ou encore les impressions.
  • Le transfert de polluants de l’air extérieur vers l’intérieur : cela concerne le nombreux polluants comme le dioxyde d’azote (NO2), le benzène, les particules, l’ozone.

Les concentrations observées en air intérieur sont dépendantes des "sources" (émissions) mais également de la ventilation en place au sein de la pièce. Le type de ventilation en place (naturelle, VMC, climatisation) est ainsi important pour la qualité de l’air. 

Pensez à optimiser l’aération et la ventilation de son logement, et à entretenir ou faire entretenir les appareils de ventilation :

  • Favorisez la circulation de l’air (VMC, bouches d’aération…),
  • Ouvrez les fenêtres lors de certains travaux (bricolage, ménage…),
  • Rappelez-vous qu'une cheminée dont le foyer est ouvert émet des particules directement dans la pièce.
  • Aérez quotidiennement votre logement 10 minutes au minimum, de préférence le matin ou la nuit lorsque les niveaux de pollution sont les plus faibles.
  • Vérifiez les entrées d'air et grilles de ventilation, veillez à ce que les bouches d'extraction soient libres.
  • N'oubliez pas le ramonage des conduits de cheminée et des appareils de chauffage, ainsi que l’entretien des appareils à combustion.

Veillez à l’assainissement des pièces humides. L'humidité favorise le développement des moisissures qui contribuent à une part importante des allergies, asthmes et bronchites notamment.

Attention toutefois à une isolation trop importante au nom des performances énergétiques non accompagné d'un système de ventilation performant : une amélioration de l’étanchéité de l’air de l’enveloppe d’un bâtiment pour réduire les déperditions d’énergie peut conduite à une réduction du renouvellement d’air et, corollairement, à une dégradation de la qualité de l’air intérieur.
 

Les polluants émis à l’extérieur pénètrent à l’intérieur des locaux par infiltration, aération, ventilation. Une étude du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) a montré que ce transfert était différent suivant les polluants.

Plus récemment (2019), l’ANSES a publié un rapport sur la caractérisation des transferts de pollution de l’air extérieur vers l’air intérieur des bâtiments. 

Il existe en France des valeurs guide d’air Intérieur (VGAI), fixées par l’ANSES. Ces valeurs sont fondées sur des critères sanitaires (concentration dans l’air d’une substance en dessous de laquelle aucun effet sanitaire n’est attendu pour la population générale en l’état des connaissances) et apportent aux pouvoirs publics des éléments utiles à la gestion du risque. Une dizaine de polluants chimiques disposent à ce jour d’une VGAI ; le formaldéhyde, le monoxyde de carbone, le benzène, le naphtalène, le trichloréthylène, les particules, le perchloroéthylène, le dioxyde d’azote, etc. À titre d’exemple, la VGAI pour le NO2 est fixée à 20 µg/m3 (valeur sur le long terme), celle du formaldéhyde à court terme à 100 µg/m3 ou encore celle du benzène à 10 µg/m3 sur une année. 

À partir de ces VGAI, le Ministère en charge de la Santé peut établir des Valeurs Repères d’aide à la gestion dans les espaces clos et mettre ainsi en place une surveillance de la qualité de l’air intérieur. Elle se met progressivement en place dans les Etablissements Recevant du Public (ERP), notamment les établissements accueillant des enfants  depuis le 1er janvier 2018. Ainsi, en fonction des niveaux mesurés, il existe des actions de gestion à engager. 

Conseils, guides pratiques et solutions pour limiter la pollution de l’air intérieur

En synthèse voici les principales actions à mener. 

  • Réduire les sources de pollution intérieure : matériel, mobilier, tabac, usage des produits odorants, etc. Tous ces produits peuvent émettre des polluants en intérieur. Il est important de connaitre leur composition, et de maitriser leur usage. Les chauffages d’appoint sont également à utiliser avec précaution.
  • Réduire directement la consommation de ces produits, du moins privilégier, quand cela est possible, des produits et matériaux moins polluants (étiquetage A+, écolabels). 
  • L’aération et la ventilation sont primordiales : aérer, faites entretenir le système de ventilation.