16 janvier 2017. Évolution mois par mois : bulletin de décembre 2016.

Au jour le jour, l’évolution de la pollution de l’air dépend de deux paramètres clés :

  • la quantité de rejets polluants dans l’atmosphère, liée notamment au trafic et au chauffage (pour le dioxyde d’azote et les particules) à cette période de l’année dans l’agglomération parisienne.
  • et les conditions météorologiques plus ou moins dispersives qui, pour une même quantité de polluants émis, peuvent soit améliorer la qualité de l’air, par exemple s’il pleut, soit au contraire la dégrader.

Variations mensuelles des niveaux de pollution dans Paris et la Petite Couronne

Le graphique ci-dessous présente les évolutions, mois par mois, de la qualité de l’air le long de la circulation dans l’agglomération parisienne sur les trois dernières années :

Niveaux de pollution mensuels dus au dioxyde d'azote (NO2) le long du trafic à Paris et en Petite couronne depuis janvier 2014 (source : données des stations trafic d'Airparif dans cette zone)

 

Ces courbes mettent en évidence à la fois une variabilité mensuelle et annuelle. En règle générale, jusqu’en novembre, les niveaux de pollution le long du trafic étaient moins élevés en 2016, qu’en 2015 et en 2014, avec néanmoins des variations ponctuelles.

En 2016, le début d’année a été marqué par des conditions météorologiques plutôt favorables à la dispersion des polluants. A l’inverse, la fin de l’année a été caractérisée par une atmosphère très stable pendant plusieurs semaines qui a donné lieu à une augmentation des niveaux de pollution.

De fin mai à début juin, l’agglomération parisienne a connu une qualité de l'air dégradée. Les effets conjugués de difficultés de circulation provoquées par les inondations et la stabilité de l'atmosphère qui ont favorisé l'accumulation des polluants près du sol. Le long des axes à forte circulation, les concentrations de polluants présentaient des niveaux élevés dans l'ensemble de l'agglomération (sans toutefois atteindre des seuils d'épisode de pollution). La situation s’est ensuite nettement améliorée fin juin, puis en juillet.

  • En août, les niveaux sont traditionnellement plus bas, du fait notamment de baisses de trafic et des activités en lien avec les congés estivaux.
  • Septembre a vu une remontée importante des niveaux, mais comparable à 2014 et sans atteindre les seuils d’épisode de pollution.
  • La situation s’est améliorée en octobre et novembre, avec des niveaux identiques, inférieurs à 2014 et 2015 pour octobre, et inférieurs à 2014 mais supérieurs à 2015 pour novembre.
  • Pendant une grande partie du mois de décembre, la région Île-de-France et d’autres agglomérations françaises, ont connu l’un épisode de pollution les plus marqués de ces dix derniers hivers. Cet épisode a essentiellement concerné les particules (11 dépassement des seuils d’information et d’alerte), avec néanmoins une augmentation ponctuelle des niveaux de dioxyde d’azote qui a elle aussi donné lieu à un épisode de pollution pour ce polluant le 1er décembre. Les niveaux de dioxyde d’azote de décembre 2016 ont ainsi été supérieurs à ceux de la même période en 2015 et 2014, mais ils restent comparables aux observations de septembre 2016.

 

Variations mensuelles, station par station

Ces variations très contrastées d’un mois sur l’autre se vérifient aussi station par station, comme l’illustre la carte ci-dessous. Deux stations de fond (représentatives de la qualité de l’air générale) sont utilisées à titre de comparaison : lorsqu’une augmentation des niveaux de pollution est constatée le long de trafic, l’analyse de ces sites de fond  indique si cette augmentation est générale ou localisée.

Niveaux mensuels de dioxyde d’azote relevés sur les stations fixes du réseau d’Airparif, à Paris et en petite couronne, de septembre à décembre 2016 (source Airparif)

 

Enjeux liés à la fermeture de la Voie Georges-Pompidou depuis la rentrée 2016

Les stations de la zone d’étude, notamment celle du Quai des Célestins, présentent entre septembre et décembre des variations similaires aux autres stations du réseau d’observation d’Airparif.

Les niveaux mensuels présentés ci-dessus ne montrent aucune tendance claire imputable à la seule fermeture des voies sur berge. Ces variations constatées sur le réseau de stations permanentes d’Airparif traduisent l’effet imbriqué des émissions de polluants et de la météorologie. De ce fait, elles ne peuvent être interprétées directement et uniquement par rapport aux variations de trafic induites pas la seule fermeture des Voies sur Berges.

Depuis le 15 novembre 2016 Airparif a mis en place une étude spécifique pour analyser l’évolution de la qualité de l’air suite à la fermeture de cette infrastructure sur la rive droite de la Seine :

  • sur un territoire suffisamment large pour prendre en compte à la fois les voies fermées à la circulation et celles potentiellement impactées par ces modifications de trafic, à Paris et en proche banlieue.
    Au total ce sont près de 80 points de mesures qui sont installés,  dont un point tous les 300 mètres le long des voies sur berges. 
  • sur une période suffisamment longue pour prendre en compte les variations saisonnières et l’évolution des comportements des usagers.
    Cette étude s’appuie sur deux campagnes de mesure d’un mois chacune : l’une en période hivernale (fin 2016) et la suivante à 6 mois d’intervalle, en période estivale (2017).

 

Résultats préliminaires de la campagne de mesure hivernale  

  La première campagne de mesure a débuté le 15 novembre et s’est conclue le 13 décembre 2016. Elle s’appuie sur l’utilisation complémentaire :

  • des stations du réseau d’Airparif, dont les résultats ont été présentés ci-dessus.
  • des sites automatiques (stations mobiles).
  • des dispositifs nécessitant une analyse en laboratoire.

Les premiers résultats sont présentés ci-dessous.

Niveaux de dioxyde d’azote observés en moyenne pendant la campagne hivernale

Niveaux de pollution relevés en moyenne sur la première campagne de mesure : de mi-novembre à mi-décembre 2016 (source Airparif)

 

Durant cette campagne hivernale, les concentrations de dioxyde d’azote les plus fortes, comprises entre 90 et 100 µg/m³, sont relevées sur les grandes voies de circulation (autoroute A1, boulevard périphérique…), ainsi que sur le site de l'Avenue de la Grande-Armée. Les maximas mesurés sur la RN118 au niveau de Sèvres, en direction de la sortie de Paris, s'expliquent par la configuration en côte que présente la route à la hauteur de ce point de mesure.

Le long de la voie Georges Pompidou, les valeurs les plus fortes, comprises entre 80 et 90 µg/m³ sont mesurées au niveau des Quais du Louvre et de la Mégisserie. Elles sont comparables aux niveaux mesurés sur le cours de Vincennes et sur la station permanente de la place Victor Basch (Carrefour d’Alésia, Paris 14ème). Sur le reste de la voie, les concentrations varient entre 60 et 80 µg/m³, comme sur les autres axes principaux parisiens et les axes majeurs en entrée et sortie de Paris. Sur les axes secondaires, les niveaux sont légèrement inférieurs, entre 50 et 60 µg/m³.

Les concentrations les plus faibles (entre 45 et 55  µg/m³), sont relevées sur les sites de fond et sur les axes bordant le bois de Vincennes.

Zoom sur la voie Georges-Pompidou

 Si un point de mesure a été installé tous les 300 mètres le long des voies sur berges, au niveau de la voie Georges Pompidou dont les quais bas sont fermés à la circulation, des points de mesures ont également été répartis spatialement entre le coté bâtiments et le coté Seine du quai haut, et sur le quai bas.

Ces premiers résultats illustrent une différence notable de niveaux de pollution pour les piétons et les cyclistes entre le quai bas (voie Georges Pompidou, fermée à la circulation) et le quai haut, mais aussi entre les deux trottoirs du quai haut.

Sur le quai haut : les niveaux de pollution sont de l’ordre de 10% plus faibles sur le trottoir côté Seine, que sur le trottoir côté bâtiments. De même, sur les quais bas, les cyclistes et les piétons sont exposés à des niveaux de dioxyde d’azote 25% moins importants, que sur le trottoir coté Seine des quais hauts. Ces différences s’expliquent essentiellement par rapport à la distance du trafic routier. 

Ces résultats en moyenne sur la campagne et cette analyse préliminaires ont vocation à être confortés et complétés. Le rapport complet de la première campagne comprenant l’interprétation de l’ensemble de ces résultats en lien avec ceux du trafic sera diffusé en mars 2017. Le rapport final de l’étude, intégrant la deuxième campagne de mesure en période estivale et la comparaison entre ces deux campagnes, sera lui disponible en septembre.

 

 


Présentation de l’étude :

Cette étude indépendante est cofinancée par les parties prenantes : la Mairie de Paris, la Région Île-de-France, la Métropole du Grand Paris et Airparif, avec une collaboration du Service Parisien de Santé Environnementale (SPSE).


Comme pour toutes les études de l'Observatoire, ces résultats seront rendus publics. Ils seront notamment partagés avec l'ensemble des membres de l'association (collectivités, État, acteurs économiques et associations) et présentés dans les comités de suivi mis en place par le Préfet de Police et la Ville de Paris, la Région Île-de-France et la Métropole du Grand Paris.